Depuis quelques décennies, on assiste à une expansion fulgurante des espaces de jeux de hasard et d'argent. Alors que les études scientifiques à travers le monde confirment des liens concrets et directs entre l'accessibilité aux espaces de jeu et l'augmentation de certains problèmes psychosociaux, le discours dominant continue de s'appuyer sur des stratégies parfois douteuses pour légitimer idéologiquement une politique de statu quo et de laisser faire. Dans la mesure où les gouvernements impliqués dans la promotion du jeu sont les mêmes instances qui sont censées protéger les populations et l'intérêt public, on assiste à un double discours teinté de conflits d'intérêt et de contradictions fondamentales qui méritent d'être soulignés.À qui profitent réellement les jeux de hasard et d'argent ? Le jeu compulsif est-il essentiellement causé par un désordre individuel d'impulsion ou n'est-il pas également influencé par les manoeuvres d'une industrie dont le but premier est l'augmentation des profits ?
Cet essai percutant démontre que le phénomène de la dépendance au jeu est d'abord un problème social qui se construit dans le temps.
Docteur en sociologie et thérapeute familial, Amnon Jacob Suissa est professeur au Département de travail social et des sciences sociales à l'Université du Québec en Outaouais. Il s'intéresse particulièrement aux déterminants sociaux des dépendances et à leur impact sur le processus de traitement et de réinsertion sociale. Il est aussi l'auteur de Pourquoi l'alcoolisme n'est pas une maladie (Fides, 1998).