La mise en relief du holisme épistémologique de Kant permet d'apprécier d'un autre point de vue la remarquable unité qui traverse les développements de la Critique de la raison pure. Selon cette perspective d'unité, les résultats de l'Esthétique et de l'Analytique ne sauraient constituer à eux seuls le noyau de l'épistémologie kantienne. En fait, ce sont les résultats de la Dialectique qui viennent en dernière instance achever l'épistémologie développée dans la première Critique. Le travail épistémologique réalisé par Kant dans la Dialectique est ordonné à la conclusion suivante : la reconnaissance de la nécessité d'une représentation ultime capable de fonder la possibilité de toute autre représentation et de toute détermination. La représentation ultime dans l'épistémologie kantienne, c'est la représentation d'un tout de la réalité, le substratum transcendantal, l'idéal transcendantal, en regard duquel chaque représentation déterminée ne constitue qu'une partie.Cette étude se divise en trois parties. La première partie présente un cadre conceptuel caractéristique d'un système holiste. La seconde partie est consacrée à l'examen de la Critique de la raison pure selon ce cadre conceptuel. Enfin, après avoir montré que les développements épistémologiques majeurs de la première Critique satisfont aux conditions du cadre holiste, la troisième partie explicite les fondements et les implications de la forme de holisme particulière à l'épistémologie kantienne.
Yves Bouchard est professeur d'épistémologie à la faculté de théologie, d'éthique et de philosophie de l'Université de Sherbrooke.